Les femmes-poètes africaines “griotent” de la Femme et de l’Enfant / African women poets sing, proclaim, and advise about Women and Children
Posted: July 19, 2013 Filed under: English, French | Tags: Femmes-Poètes Africaines Comments Off on Les femmes-poètes africaines “griotent” de la Femme et de l’Enfant / African women poets sing, proclaim, and advise about Women and ChildrenLes femmes-poètes africaines “griotent” de la Femme et de l’Enfant / African women poets sing, proclaim, and advise about Women and Children
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Berthe-Evelyne Agbo (born 1949, Benin)
“My baby doll”
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My heart so flooded with joy
Dissolves
At the sight
Of your adorable little face.
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You’re sleeping, little marvel
In your cloth of green embroidery
Your delicately hemmed eyelashes
Resting on your little round cheeks.
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From the depth of your sleep
You feel my presence;
You woke up, little kitten
And quickly started the game again.
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So I watch you wiggling,
Ignoring me in your crib,
Arching your back
And yawning out loud.
.
You talk, you raise your arms
You stretch out in your bed.
That’s it: your head lifted
You look at me astonished.
.
Will you pick me up? your squinting eyes ask
Or, will you watch me a while longer?
Will I have to cry first
Before you understand?
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And my mother’s heart breaks
At the sight of your falling tears
And I hurry to hold you,
You, so warm and stirring with innocence.
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That’s it: you’re in my arms, cuddled
You babble and caress my cheek.
With a tender touch I turn you in my arms
I hug you, you talk to me.
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And my heart is flooded with joy.
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“Ma poupée”
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Mon coeur chavire de joie,
Tant il fond
A la vue
De ton minois adorable.
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Tu dors, petite merveille,
Dans tes draps brodés au fil vert,
Tes cils délicatement ourlés,
Posés sur tes joues rondelettes.
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Du fond de ton sommeil,
tu as senti ma présence;
Tu t’es éveillée, petite chatte,
Et au jeu aussitôt tu t’es mise.
.
Et je te regarde te trémousser
Dans ton berceau, ignorant mon regard,
Tu fais le dos rond
Et tu bâilles à grand bruit.
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Tu parles, tu lèves les bras
Tu t’étires dans ton lit.
Ça y est: ta tête s’est dressée
Et tu me regardes, étonnée.
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Vas-tu me prendre? me disent tes yeux bridés,
Ou vas-tu m’observer encore longtemps?
Me faut-il crier d’abord
Avant que tu ne comprennes?
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Et mon coeur de mère sanglote
A la vue de tes larmes apparues,
Et je me précipite pour te prendres,
Tant tu es chaude et émouvante de candeur.
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Ça y est: tu es dans mes bras, blottie,
Et déjà tu babilles et me caresses la joue.
Mes bras, d’une caresse, t’entourent,
Je t’embrasses, tu me parles,
.
Et mon coeur chavire de joie.
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Edwige Araba Aplogan (born 1955, Benin)
“The Child”
.
Child from above
Child from below
Child of forgotten desire
Child of love and mystery
Round child, mad child
Wolf Child
Tortured Child
The child of a newfound dream
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Of a tomorrow that is coming
for you
for us
for them
.
A tight embrace
Flame
Desire
.
We will ride across deserts
from one adventure to another
from red earth to blue dunes
from fortresses torn from silence
.
We will take over the shore of clear water
from war steps into dance steps
from songs of love and hope
Of life snatched
From the void of the present.
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“L’enfant”
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L’enfant d’en haut
L’enfant d’en bas
L’enfant du désir oublié
L’enfant d’amour et de mystère
L’enfant boule, l’enfant fou
L’enfant loup
L’enfant torture
L’enfant d’un rêve retrouvé
.
D’un demain qui s’annonce
pour vous
pour nous
pour eux
.
Une étreinte
Flamme
Désir
.
Nous chevaucherons les déserts
d’aventures en aventures
des terres rouges aux dunes bleues
des forteresses arrachées au silence
.
Nous prendrons la rive d’eau claire
de pas de guerre en pas de danse
de chants d’amour et d’espérance
De vie arrachée
à la béance du présent.
. . .
Aminata Athié (born 1960, Senegal)
“A Seller of Women”
.
Have you passed by my stall? The seller of women is a man who
knows how to show off his merchandise. You should see him
do his thing or better still hear him: He puts on a show, almost
like magic, a little bit the con-man but terribly charming…In
fact, his pitch was so persuasive that a mob of people hurried to
gather around him. You would have seen the crowd packed in
there. Even I tried to stop, but I was in a hurry…And besides, I
could not myself be a buyer, since you had to have a good pair of
moustaches. As for the merchandise, I am not a lover of antiques:
the piece is so strange that I would risk losing my Pulaar…
Besides, I don’t even know anymore which side of the market his
stall is on. If you were to ask certain people…
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Sister Soul
White Goose
My dove
My sweet Grave
.
Call her by every name
sweet names, names
of honey, butter, flour
.
names of things to eat
names of things to caress
names of things to trample
Call her by every name
.
The Woman is good to possess
The Woman, pride of the house
.
You must have a woman
She was an angel, the woman
Paradise is paved with good women
.
A woman-heater for winter
Woman-table for the living room
A woman air-conditioner for summer nights
Woman-seed for rainy seasons
.
Cotton-cloth woman
Lemonade-woman
Pomade-woman for bad skin
.
Call her by every name
.
The dry composed candidate
.
Stubborn-statuette woman
Chatterbox-woman
Leech-plump-woman
Hell-on-wheels woman
.
Slap-woman
Talisman-woman
Stallion-woman
.
Call her by every name
.
The woman, good to display
The woman, jewel of the house
.
They come in all shapes
There is one for every taste
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Golden woman
Gilded woman
Woman-body
Woman-cowry
.
And even a bad-luck woman
And even fossil-woman
.
The Woman, good to console
The Woman, household rubbish
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I sell the woman, an object
of premium necessity
.
You must have a woman
She was made from the mire – woman
.
She eats
She drinks
She sleeps
Woman is scared
Madame adorns herself
Woman weeps
.
Woman of length
Woman of breadth
Woman of depth.
“Marchand de Femmes”
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Etes-vous déjà passé près de mon étal? Le marchand de femmes
est un homme qui sait vanter sa marchandise. Il faut le voir
à l’oeuvre ou plutôt l’écouter: cela tient du spectacle, un peu
comme la magie, un tantinet charlatan mais terriblement
charmeur…En effet, la réclame était si persuasive que bientôt
un tas de gens se pressaient de son côté. Il fallait voir la foule
agglutinée…Moi-même, j’ai tenté de faire un crochet mais
comme j’étais pressée.
…Et puis, cela ne devrait pas me concerner côté acheteur, il
fallait une bonne paire de moustaches. Quant à la marchandise,
je ne suis pas amatrice d’antiquité: le produit est si curieux que
je risque d’y perdre mon…pular! D’ailleurs, je ne sais même
plus de quel côté du marché il tient son étal. Si vous demandiez
à certains…
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Ame soeur
Oie blanche
Ma colombe
ma douce tombe
.
Appelez-la de tous les noms
de noms doux, de noms
sucrés-miel, beurre, farine
.
des noms de choses à manger
des noms de choses à caresser
des noms de choses à fouler aux pieds
Appelez-la de tous les noms
.
La femme est bonne à posséder
La femme, un orgueil de la maison
.
Il faut avoir une femme
C’était un ange, la femme
Le paradis pavé de bonnes femmes
.
Femme-chauffage pour l’hiver
Femme-console pour ton salon
Femme-climatiseur pour nuits d’été
Femme-semence pour l’hivernage
.
Femme-cotonnade
Femme-limonade
Femme-pommade pour peaux malades
.
Appelez-la de tous les noms
.
La candidate-aride-impavide
.
Femme-statuette-têtue
Femme-à-la-langue-trop-pendue
Femme-sangsue-dodue
Femme-enfer-de-fer
.
Femme-taloche
Femme-talisman
Femme-étalon
.
Appelez-la de tous les noms
.
La femme, bonne à exhiber
La femme, bijou de la maison
.
Il y en a de toutes les formes
Vous en avez pour tous les goûts
.
Femme d’or
Femme dorure
Femme-corps
Femme-cauris
.
Et même la femme-mauvais sort
et même la femme fossile
.
La femme, bonne à consoler
La femme, rebut de la maison
.
Je vends la femme, objet
de première nécessité
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Il faut avoir une femme
C’était de la fange la femme
.
Elle mange
Elle boit
Elle dort
La femme a peur
Madame se pare
La femme pleure
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Femme en long
Femme en large
Femme en profondeur.
. . .
Monique Ilboudo (born 1959, Burkina Faso)
“Closed for Inventory”
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There is nothing to sell today
No smile
No sweet word
No sour word
No sweet and sour word
I am closed
Closed for inventory
.
I am not buying anything today
No crazy laugh
No sweet talk
No sour talk
No sweet and sour talk
I am closed
Closed for inventory
.
The entire store will be inspected today
The empty shelves
The full shelves
The half-full shelves
Everything will be dusted
Everything will be checked
Everything will be rechecked
Everything will be counted
.
Everything will be weighed on a scale
Nothing will be ignored
On the left tray the assets
On the right tray the liabilities
.
Tomorrow if everything isn’t up for grabs
If some energy is left for selling
If she finds her wholeness again
The store will be open again – maybe.
But today there is nothing for sale
Nothing to buy, nothing to grab.
I am closed,
Closed for inventory.
.
Il n’y a rien à vendre aujourd’hui
Ni sourire
Ni mot doux
Ni mot aigre
Ni mot aigre-doux
Je suis fermée
Fermée pour inventaire
.
Je n’achète rien aujourd’hui
Ni fou rire
Ni échange de propos doux
Ni échange de propos aigres
Ni échange de propos aigre-doux
Je suis fermée
Fermée pour inventaire
.
Toute la boutique sera visitée aujourd’hui
Les rayons vides
Les rayons pleins
Les rayons à moitié vides
Les rayons à moitié pleins
Tout sera épousseté
Tout sera vu
Tout sera revu
Tout sera compté
Sur une balance tout sera pesé
Rien ne sera lésé
Sur le plateau gauche l’actif
Sur le plateau droit le passif
.
Demain si tout n’est pas à prendre
S’il reste de l’énergie à vendre
Si elle retrouve son bien-être
La boutique rouvrira peut-être
Mais aujourd’hui il n’y a rien à vendre
Rien à acheter rien à prendre
Je suis fermée
Fermée pour inventaire.
. . .
Irène Assiba d’Almeida (born 1945, Senegal)
“Waves of Pleasure”
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You will never know
The profound joy
Of a woman
Satisfied
In the innermost depth of her body
After the tender touch
Of her lover
.
Dizzy in ecstasy
Her waist beads
Become song
Swaying with desire
Her whole body
Shivering
Rising over undreamed mountains
Arched with pleasure
She is soon
A sea becalmed
Still drifting
Her “little death” still sumptuously alive
After, long after sleep
After, long after awakeniing
.
You will never know
The profound joy
Of a woman
Satisfied
In the innermost depth of her body
After the tender touch
Of her lover.
. . .
“Vagues de plaisir”
.
Tu ne sauras jamais
La joie profonde
De la femme
Satisfaite
Au tréfonds de son corps
Après la tendre caresse
De l’amant
.
Dans le vertige de l’extase
Ser perles aux reins
Deviennent chanson
Ondoyante de désir
Tout son corps
Devient frisson
Hissée sur des sommets insoupçonnés
Arc-boutée de plaisir
Elle est bientôt
Mer étale
Et même dans l’abandon
Sa ‘petite mort’ reste somptueusement vivante
Après, bien après le sommeil
Après, bien après le réveil
.
Tu ne sauras jamais
La joie profonde
De la femme
Satisfaite
Au tréfonds de son corps
Après la tendre caresse
De l’amant.
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Marie Claire Dati (born 1955, Cameroon)
“Jubilation”
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The Good Lord made me a woman
A silken feather soothing life
Spicy islands drunken escape
A tangerine woman, a fruit-juice woman
Woman a tear, woman a pout
And a savannah and a spring and a bamboo and colours
That fall silent in a single hymn
While a hundred moving fires a thousand lights
Bathe the choruses of the miracle world
.
Woman! Nothing. But Woman, the Good Lord made me
Everything
Firefly of the volcanoes infernal rosebush
Melody in the night of the wanderer
Avowing angelic serenades woman
Fireworks woman
Woman doe of a virile prestige
Woman hope of children
Woman arranger of time
And a savannah and a spring and a bamboo and colours
That melt into the peacful sky of my soul
Tasting of the voluptuous spasms
That my heart, O Grace, speechless with plenitude
Adores in the secret of endless joy.
. . .
“Jubilation”
.
Le Bon Dieu m’a faite femme
Plume de soie berce vie
Piquantes îles évasion ivresse
Femme mandarine, femme jus de fruits
Femme une larme femme une moue
Et savane et printemps et bambou et couleurs
Se taisent en un hymne unique
Quand cent feux fluides mille lumières
Baignent le monde à miracle les choeurs.
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Femme! Rien. Mais Femme, le Bon Dieu m’a faite
Tout
Luciole des volcans rosier infernal
Mélodie dans la nuit du promeneur
Femme aveux des sérénades d’anges
Femme feu d’artifice
Femme biche du prestige viril
Femme espérance des enfants
Femme ordre du temps
Et savane et printemps et bambou et couleurs
Se scellent en un ciel de paix dans mon âme
Goûtant aux spasmes voluptueux
Que mon coeur, ô grâce, muet de plénitude
Dans le secret des joies sans borne, adore.
. . .
Madeleine de Lallé (born 1955, Burkina Faso)
“Man”
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When I came of age
And tradition dictated I should marry
My father took me aside one evening
And confided this to me:
“When you can listen to a man
Insult you without saying a word
And without being upset
Then come and tell me you are getting married:
Man is a feeble being
Who cannot admit he is so.
When he becomes angry
His ears withdraw
From the mouth that reasons with him.
Let him say what he wants to say,
And caress him where you can.
When he calms down and
Comes back to your arms
Embrace him as if he is your prize,
Soothe him as best you can
– He recognizes the mother in you.
And that makes him feel like a man.”
. . .
“L’homme”
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Quand j’eus l’âge de raison,
Et que la coutume voulut que je me marie,
Mon père me retint un soir
Et me confia ceci:
“Quand tu pourras écouter un homme
T’insulter sans mot dire,
Et sans t’émouvoir,
Viens alors me dire que tu te maries:
L’homme est un être faible
Qui n’admet pas qu’on le lui montre.
Quand il se met en colère,
Ses oreilles s’éloignent
De la bouche qui le raisonne.
Laisse-le dire ce qu’il veut,
Et caresse-le où tu peux.
Quand il se calmera et
Qu’il reviendra dans tes bras,
Serre-le comme ton bien,
Berce-le comme il faut.
Il reconnaît alors en toi la mère.
Et c’est ainsi qu’il se sent homme.”
. . .
Ndèye Coumba Mbengue Diakhaté (1924-2001, Senegal)
“Seasons of Life”
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That morning she stepped out as if she were flying
Her boubou* of muslin was spread out like wings!
Her feet barely touched the ground:
Because, finally, that morning she was to be married.
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At noontime, she was walking steadily, quickly ahead
Her boubou of cotton was clinging with sweat
The children, the housework and her husband waited
For a mother, a wife, what turmoil in a house!
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In the evening she set off, heavy on her feet
Her faded boubou made her look even more stooped.
The worry, the torture, and the years had passed;
Then the grown children had left her.
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In the night she kept watch near the dying fire
Like her husband, the old man, had done one evening.
Alone in the world! In the night telling her beads
And the hours that follow each other foretelling the end.
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*boubou – a large dress resembling a tunic or caftan
“Saisons de la vie”
.
Elle allait ce matin, on eût dit qu’elle volait;
Son boubou de mousseline lui faisait comme des ailes!
Ses pieds si légers effleuraient le sentier:
Car enfin ce matin elle allait se marier.
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Elle marchait ce midi d’un pas ferme et pressé;
Son boubou de coton, de sueur lui collait;
Les enfants, le ménage, et son homme qui attend:
Pour une mère, une épouse, quel tracas qu’une maison!
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Elle partait dans le soir, en pesant sur ses pas;
Son boubou délavé la faisait plus voûtée:
Les soucis, les tortures, et les ans ont passé;
Les enfants à leur tour, une fois grands, l’ont quittée.
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Elle veillait dans la nuit, près du feu qui se meurt,
Comme un soir l’avait fait son vieil homme de mari.
Seule au monde! Dans le noir, égrenant son chapelet,
Et les heures qui se suivent, annonçant la dernière.
. . .
“Griot of My Race”
.
I am the griot of my race
Poet, troubadour
I loudly sing of my race, my blood
That proclaims who I am
.
I am…ebony wood
Not consumed by the slow fire of lies
I am…the red laterite of the fierce blood of my ancestors.
I am…the virgin wilderness
The kingdom of howling monkeys
.
Not the Negre from troubled neighbourhoods
Relegated to fetid mire, the clinging soot
There, in the grey city, that crushes, that kills.
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I am…the one you ignore
The sunlight without illusion, not the hypocritical neon.
I am…the calm moonlight, complicit in nocturnal love games
I am the blood that gallops, rearing with impatience
In the maze of my arteries
I am the one you ignore
I spit on your vile spirit.
.
And watch how I break the chains
And the lie of silence
That you hurled at me.
. . .
“Griot de ma race”
.
Je suis le griot de ma race:
Poète, troubadour;
Je chante très haut ma race, mon sang,
Qui clame qui je suis.
.
Je suis…bois d’ébène,
Que ne consume le feu lent du mensonge.
Je suis…la latérite rouge du sang farouche de mes ancêtres.
Je suis…la brousse inviolée,
Royaume des singes hurleurs
.
Pas le Nègre des bas quartiers,
Relégué dans la fange fétide, la suie qui colle;
Là-bas, dans la ville grise, qui accable, qui tue.
.
Je suis…qui tu ignores:
Soleil sans leurre; pas le néon hypocrite.
Je suis…le clair de lune serein, complice des ébats nocturnes
Je suis le sang qui galope, se cabre d’impatience
Dans le dédale de mes artères.
Je suis qui tu ignores.
Je crache sur l’esprit immonde.
.
Et voici que je romps les chaînes,
Et le silence menteur
Que tu jetas sur moi.
. . .
Cécile-Ivelyse Diamonéka (born 1940, Congo)
“For Karim”
.
I saw him
Forgotten by everyone
Including me
I saw him
On the highway
Hoping to be crushed into it
And melt into nothingness
Everyone
Cried as one:
He is lost! He is done!
Good for prison
For life in prison
And the rest of us, well-off
By the tens and hundreds,
We had seen in him the essential evil
Delinquent
Habitual criminal
Murderer
And no-one said
A little love
A little sunshing
A little chance for happiness
Like all the children on Earth.
We fled from him as from the fatal plague
Of Oran…
Still, by the light of the moon,
We cried out together
We love children!
Long live The Year of the Child!
“A Karim”
.
Je l’ai vu
Moi aussi
Oublié de tous
Je l’ai vu
Sur le macadam
Comptant s’y faire broyer
Et s’y fondre dans le néant
Tout le monde
D’un seul cri:
Il est perdu! Il est fini!
Bon pour la prison
La prison à vie
Et nous tous, bien portants
A dix, à cent
Nous avons vu en lui le mal en être
Déliquant
Récidiviste
Assassin
Et personne n’a dit:
Un peu d’amour
Un peu de soleil
Une chance de bonheur
Comme tous les enfants de la Terre
Nous l’avons fui en peste mortelle
D’Oran
Pourtant, au clair de lune
Nous avons crié en choeur:
Nous aimons les enfants!
Vive l’Année de l’Enfant!
. . .
Colette Houéto (born 1939, Benin)
“Women, Tell Us”
(For women of all races)
.
Unspeakable silence
Imcomprehensible speech
From all these women
Meeting one day at the conference
Of our commonality.
.
Women, tell us
You who know
The water, the air and the wind
The naked hearts
For you who desire
The flame of a candle.
Why space and repose
Don’t have the same feeling
In the pathways of your bodies.
Tell us, you who give
The beginning and the longing
The pleasure and the essence
Why from our freedoms
The night is born
.
And here it is that the silence alienated for so long
Seizes speech in the name of a manifesto
Of all women
Rising
.
Why why do you demand
Artificial paradises, men!
Well then, listen
One last time
Like the wretched
Of the earth
Our hearts are filled with your treason
Exasperated by your beautiful vileness
By your fugitive “I love yous”
Tired of the clever architecture
Of your piecemeal speeches.
We are coming now at dawn
To propose a new pact.
.
Let us be the artisans of Renaissance
Of newborn Common Knowledge
And of Recognition
Today as one
Let us cheer with our watery eyes
The fragrant dance of
Our cactus flowers
Let us go
Let us find again the familiar ways
Of our streets
Of our fields
Of our factory pavements
Let us intertwine our hands our thoughts
Our doubts our intuitions
And our affirmed desires.
Then on the wet grasses
Beneath the blossoming
Cailcidrat trees of our valleys
Let us reclaim time
And re-create the history
Of our future works
With the living milk of the seed
And the patience of the roots of light.
. . .
“Dites-nous, femmes”
(A toutes les races de femmes)
.
Silence inexprimable,
Parole indéchiffrable
De toutes ces femmes
Un jour rencontrées au confluent
Du partage.
.
Dites-nous femmes
Qui savez
L’eau, l’air et le vent
Les coeurs mis à nu
Pour vous qui voulez
La flamme d’une chandelle
Pourquoi l’espace et le repos
N’ont pas le même goût
Sur les sentiers de votre corps
Dites-nous vous qui donnez
L’origine et la faim
Le plaisir et l’essence
Pourquoi nos libertés
Enfantent la nuit.
.
Et voici que le silence longtemps aliéné
Prend la parole au nom du manifeste
De toutes les femmes
Debout
.
Pourquoi pourquoi demandez-vous
Hommes des paradis artificiels
Et bien écoutez donc
Une dernière fois
Semblables aux parias
De la terre
Nos coeurs gorgés de vos trahisons
Exaspérés du bel immonde
De vos “je t’aime” fugitifs
Las des architectures sournoises
De vos discours en miettes
Viennent au point du jour maintenant
Proposer un nouveau pacte.
.
Soyons les artisans de Renaissance
De Co-naissance
Et de Reconnaissance
Ensemble aujourd’hui
Saluons d’un même regard mouillé
La danse parfumée des fleurs
De nos cactus
Partons
Retrouvons les parcours familiers
De nos rues
De nos champs
De nos trottoirs d’usines
Echangeons nos mains nos pensées
Nos doutes nos intuitions
Et nos désirs assumés
Puis sur les herbes humides
Sous les frondaisons épanouies
Des Caïlcédrats de nos vallées
Apprivoisons le temps
Et recréons l’histoire
De nos oeuvres d’avenir
Avec la sève vive de la graine
Et la patience des racines de lumière.
. . .
Werewere Liking (born 1950, Cameroon)
“Lend me your Body”
.
He said to her:
Lend me your body, mother of life,
Let it be a covering, a shield
Against the coldness of my solitude,
Against my fragility, my timidity,
Against the fear that slows my action.
.
Lend me your body, woman of my life,
Your body like a pedestal, like a costume,
And I will perform my acts of life –
Like my seed in the space of your loins
– my acts for you – like a beautiful dance.
.
Lend me your body with your heart that inflames me,
Your heart that implicates me, that calls to my soul
Do not deny it – I can no longer sleep with your cries of silence.
Lend me your body that walks as if dancing,
Say Yes – and let life become a rhythm to us.
. . .
“Prête-moi ton corps”
.
Il lui avait dit:
Prête-moi ton corps, mère de la vie
Comme une couverture, un bouclier
Contre le froid de ma solitude
Contre ma fragilité, ma timidité
Contre la peur qui me freine l’activité.
.
Prête-moi ton corps, femme de ma vie
Ton corps comme un socle, un habit
Et je poserai mes actes dans la vie
Comme au creux de tes reins ma semence
Mes actes pour toi, comme une belle danse.
.
Prête-moi ton corps avec ton coeur qui m’enflamme
Ton coeur qui m’implique, qui en appelle à mon âme
Ne le nie pas, je ne dors plus des cris de ton silence
Prête-moi ton corps qui marche comme on danse
Dis-moi Oui, et que la vie nous devienne une cadence.
. . .
Fatou Sonko (Senegal)
“My favourite Toy”
.
My doll of yesterday is now real
She is as alive as I am
Pretty baby breathing health
Your tranquility disquiets me
Your tears sadden me
Your laughter relieves me
My favourite toy
Your joy engrosses me
I love when your feet row through the joyful air
The moving of your small rose hands turns your bath
Ecstatic
Your miniscule nose represents your innocence
Your are all gentleness when you sleep with your fists closed
Your whole body is life in miniature.
“Mon jouet préféré”
.
Ma poupée d’hier est devenue réelle
Elle est aussi vivante que moi
Joli bébé respirant la santé
Ta tranquillité m’inquiète
Tes pleurs m’attristent
Tes rires me soulagent
Mon jouet préféré
Ta joie me préoccupe
J’aime quand tes pieds rament l’air rempli d’allégresse
Le mouvement de tes petites mains roses rend ton bain
Euphorique
Ton nez minuscule symbolise ton innocence
Tu es tout doux quand tu dors les poings fermés
Ton corps tout entier est la vie en miniature.
. . .
Fatou Ndiaye Sow (1956-2004, Senegal)
“Lullaby”
.
Ey Sama Neene Tutti! *
If you dry your tears
I will sing you a song
Of the wonders of the Universe
Ey Sama Neene
If you dry your tears
I will carry you in a pagne
Woven out of sun rays
Ey Sama Neene
If you dry your tears
I will give you a bouquet of stars
To find again your smile at dawn
Ey Sama Neene!
Aayoo Beyo Beyo
Aayoo…
.
* “Hush, my little baby!”
. . .
“Berceuse”
.
Eye Sama Néné Touty!
Si tu sèches tes larmes
Je te ferai un berceau
Des merveilles de l’Univers
Eye Sama Néné
Si tu sèches tes larmes
Je te porterai dans un pagne
Tissé de rayons de soleil
Eye Sama Néné
Si tu sèches tes larmes
Je t’offrirai un bouquet d’étoiles
Pour retrouver ton sourire aurore
Eye Sama Néné!
Ayo Béyo Béyo
Ayo…
. . .
Orthense Tiendrébéogo (Guinea)
“I would like to be a Griot”
.
I would like to be a griot,
To make words dance,
Modulate them on my tongue,
And make them slip across my lips;
Recapture them in the air,
To melt them again, explode them,
Polish them, caress them and make them soar.
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I would like to be a griot, and with a loud voice
Smash the silence of the night,
Hammer on the sleeping conscience,
Shake off the obscuring veils,
Open a fissure
That would let the light escape
And keep the eyes awake.
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I do not want to be the griot
Of the King, the Strong, the Rich,
Nor of any Power…
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I would like to be a griot,
To be involved
Only in what fashions a human being.
. . .
“Je voudrais étre griot”
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Je voudrais être griot,
Pour faire danser les mots,
Les moduler sur ma langue,
Et les faire glisser sur me lèvres;
Les reprendre dans l’air,
Pour les refondre, les éclater,
Les polir, les caresser et les faire voler.
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Je voudrais être griot, et d’une voix forte
Rompre le silence de la nuit,
Marteler les consciences endormies,
Secouer les voiles obscurcissants,
Créer une fissure
Qui laisse passer la lumière,
Et maintenir les yeux éveillés.
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Je ne voudrais être griot
Ni du Roi, ni du Fort, ni du Riche,
D’aucune Puissance…
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Je voudrais être griot,
Pour ne m’intéresser
Qu’à ce qui construit l’homme.
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Photographs:
Femme de la Gambie_Gambian woman
Fabric vendor_Lagos, Nigeria
South African woman_photograph © Steve Evans
Father with his toddler
Two Nigerian children_photograph © G. K. Sholanke
Mother with her toddler
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Traductions en anglais / Translations from French into English – droit d’auteur © Professeure Janis A. Mayes. Tous les poèmes – droit de chaque auteur © the respective poetesses
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